Une ministre des Armées aux cyber postes de combat

Florence Parly, ministre des Armées, a tenu à faire le déplacement au FIC hier soir pour délivrer un message à la fois sobre et fort sur la nécessaire cybersécurité des armées et la digitalisation des champs de combat.

Toute menue dans un grand tailleur pantalon noir très sobre, la ministre des Armées Florence Parly a délivré hier soir au FIC un discours à la fois maîtrisé, sobre et convaincu sur l’avance en France en matière de cyberdéfense et l’inévitable digitalisation du champ de bataille. Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, quand le FIC avait encore lieu dans la salle des fêtes de Villeneuve d’Asq, n’avait pas eu cette vision des enjeux digitaux du champ de. A sa décharge, les enjeux n’étaient pas aussi cruciaux. Epaulée par le ministre de la Défense estonien, Juri Luik, la ministre a délivré un message fort, et, symbole supplémentaire de son implication en faveur des PME innovante, a remis elle-même avec son confrère estonien le prix de la PME la plus innovante. Un message fort de soutien de la défense à l’innovation française et à l’excellence des PME dans ce domaine.

La mise en place d’une revue stratégique cyber

Maîtrise du discours, maîtrise du sujet, maîtrise du verbe. Florence Parly, toute en retenue et en sobriété sait conquérir un auditoire très masculin… et très militaire. La ministre des Armées n’hésite pas à rentrer dans le vif du sujet, et n’y va pas par quatre chemins. « Nous nous situons dans un nouveau mode, où nous affrontons un ennemi sans nom, sans visage. Tous les espaces de confrontation deviennent universels, et nous devons tous les maîtriser ». La ministre des Armées parle en termes sobres, carrés, et qui passent très bien. « La France, et notamment la défense, doit devenir un modèle de vigilance et d’innovation. Il nous faut construire en France une armée avec un modèle de cyberdéfense adapté au contexte et cohérent. C’est pour cela que le Président de la République a demandé la mise en place, dans le courant de l’année, d’une revue stratégique cyber pour la défense ». « Nous devons, reprend la ministre, nous préoccuper des enjeux de cyberdéfense dans les organisations, avec une meilleure anticipation des menaces, et le développement de coopération fortes » . Martelant le sujet, la ministre explique : « l’innovation n’est pas qu’une question technique ».

1,6 milliard d’euros pour la lutte dans l’espace numérique

« La prochaine LPM, reprend la ministre, confirmera notre ambition. La cybersouveraineté est un enjeu majeur. Dans ce cadre, nous débloquerons d’ici quelques années 1,6 milliard d’euros pour la lutte dans l’espace numérique, et nous porterons le nombre des cybercombattants à 4000. Nous renforcerons aussi le rôle du renseignement numérique ». S’appuyant sur des logiques industrielles maintes et maintes fois défendues dans nos colonnes, « nous entendons renforcer la coopération entre l’état-major et les PME, en mettant au défi un certain nombre d’entre elles de nous aider à définir, d’ici quelques mois, l’équipement du cyber combattant », annonce la Ministre. Elle cite notamment le pôle breton et le PEC (Pole d’Excellence Cyber) dont nous avons souvent parlé, en exemple.

Elle développe aussi un projet d’intelligence campus « qui réunit les chercheurs européens, les industriels, et les entrepreneurs ». « Nous sommes tous concernés par notre cyberdéfense » conclut la ministre. Le message est clair : renforcement des capacités cyberdéfense, innovation, partenariat publics privés qui pousse les PME innovantes en avant, et la construction d’une défense avant tout européenne. Il n’avait jamais été formulé de manière aussi nette, et c’est un rare bonheur que de l’entendre aussi fermement et clairement au FIC.

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